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Capturer des moments précis, d’une séquence pensée dans une linéarité filmique, notamment par la timeline, est bien l'enjeu de cette série de photographies. Ces images (1) sont une masse immanente de fragments réutilisables, elles appartiennent à une mémoire collective, et s’inscrivent dans un inconscient culturel global et personnel :

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"Les figures flottent dans l’air du cinéma, elles appartiennent définitivement à un réseau de consultation, à une banque de données, à un système de clonage dans lequel on peut puiser à l’envie pour remodeler le cinéma, le réinventer, l’habiller d’atouts neufs, lui coudre une nouvelle peau, faire des croisements inédits, produire des hybrides.

" Le retour du cinéma, Antoine De Baecque et Thierry Jousse, 1996, p.83.

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Redécouvrir des thèmes que nous connaissons tous, qui font partie de notre culture, en leur imposant une nouvelle esthétique, un nouveau cadrage. Par la photographie j'extrais des fragments qui me permettent de mettre en lumière les références et les citations de certains réalisateurs envers leurs maîtres, de souligner l’intertextualité qui existe entre certains films :

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"L’intertextualité n’est pas un autre nom pour l’étude des sources et de l’influence, elle ne se réduit pas au simple constat que les textes entrent en relation (l’intertextualité) avec un ou plusieurs autres textes (intertexte(s)), elle engage à repenser notre mode de compréhension des textes littéraires, à envisager la littérature comme un espace ou un réseau, une bibliothèque si l’on veut, où chaque texte transforme les autres qui le modifient en retour."

" L’intertextualité ", Sophie Rabeau, Flammarion, 2002.

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Proposer un point de vue (photographique et intellectuel), une nouvelle lecture de l’image filmique. Ces photographies sont plus des instants figés de notre regard de spectateur, que des images fixes dans le déroulé d'un film. Elles nous placent en position de spectateur/lecteur analysant, et mettant en perspective plusieurs scènes, fragments de films, permettant alors une réflexivité sur le lien pouvant exister entre ces différentes œuvres.

Ces photos deviennent des nouvelles images à part entière, des « hybrides ». Et c’est ce mot hybride qui m’influence dans la forme esthétique, découlant de la capture d’une image télévisée (de la lumière), qui crée des pixels, des artefacts, des formes étranges et floues.

Il s’agit, aussi, de mettre en place une praxis répétitive, de post-modernisation des images du passé – madeleine de Proust – du cinéma classique et moderne. Historiser (2) un passé, de l’âge d’or d’Hollywood, dans un présent où la création se replie sur elle-même :

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"La figure la plus emblématique de l’intertextualité est sans doute l’anachronisme : on me donne à voir un passé soudain doté d’une connaissance de son futur tout en me rappelant que le passé m’est donné à voir du point de vue du présent.

" L’intertextualité ", Sophie Rabeau, Flammarion, 2002, p.43.

 

(1) : images au sens où l'entend Georges Didi-Huberman (Devant l'image, 1990, Edition de Minuit)

(2) : historiser : Stocker les renseignements nécessaires pour retrouver l'historique de (quelque chose), avoir une pratique d'historien (de l'art), au sens où l'entend Georges Didi-Huberman (L’image survivante. Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, 2002, Edition de Minuit)

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