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Je vois cette série comme une exploration urbaine, au gré de mes déambulations, mais aussi une exploration nostalgique dans une mémoire cinéphilique agglomérant les prises de vue citadines, rappelant ainsi les ambiances de Film noir.

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La ville a très souvent une place de premier plan dans le cinéma noir. En effet, le personnage principal dérive, à bord de son auto, dans les rues sombres et tentaculaires des cités : New York dans Mean Streets ou Taxi Driver, San Francisco dans Vertigo, Los Angeles dans L.A Confidential, To live and die in L.A ou Chinatown, ou encore Bangkok dans Only God Forgives.

Il déambule dans les affres de l'urbanisation et de l’industrialisation, qui sont deux aspects prépondérants dans le cinéma hollywoodien, car ils reflètent un renouveau de l'American way of life.

La ville apparaît alors comme un personnage à part entière, souvent nuisible dans ces œuvres où le détective subit cette immensité citadine, miroir de sa propre solitude, où l'individualisme, le crime et la mercantilisation priment. Ainsi, la ville devient écrasante, suffocante, corrompue ; c’est pourquoi elle est souvent le berceau des films de gangsters et de mafieux (Il était une fois en Amérique à New York, Scarface à Miami, Les Incorruptibles à Chicago ou Casino à Las Vegas…)

 

Je photographie les bâtiments qui tranchent avec des ciels monochromes, en me focalisant sur des formes géométriques et des lumières vives, influencé par l’expressionnisme allemand, qui est l’un des piliers fondateurs du Film noir. En outre, beaucoup de chefs-opérateurs et de réalisateurs ont immigré vers les États-Unis lors de la Seconde Guerre mondiale – tels qu’Otto Preminger ou Fritz Lang – et par la suite, ils ont travaillé sur les Film noirs américains des années 50 et 60.

Les matières sont brutes, le béton, l’asphalte, le verre ou les briques s’amoncellent dans un chaos ambiant, dans une jungle urbaine, comme nous le montre John Huston dans Quand la ville dort, en 1950.

Mais je souhaite aussi capturer des scènes de vie, des individus peuplant ces ensembles urbains, ceux qui font l'atmosphère de ces villes.

 

Il s'agit de saisir des variations d'ambiances au rythme de mon propre cheminement dans les villes, je me promène dans le dédale des rues à la recherche d'images qui entrent en résonance avec ma mémoire de cinéphile.